Ouagadougou, 02 octobre, 2025 / 11:22 PM
L’œuvre de charité catholique et fondation pontificale, Aide à l’Église en Détresse (AED), a reçu une demande des Frères Missionnaires des Campagnes (F.M.R.), qui travaillent au Burkina Faso, afin de prendre en charge les frais de scolarité de plus de 200 élèves ayant fui avec leurs familles les violences dans la ville de Pama, située dans le diocèse catholique de Fada N’Gourma.
Dans une déclaration partagée avec ACI Afrique le jeudi 2 octobre, le Frère Alain Toughma, délégué du Supérieur Général pour l’Afrique, a exprimé sa gratitude à l’AED pour avoir financé l’an dernier la scolarité de 222 élèves de Pama et pour avoir apporté une aide alimentaire aux familles déplacées.
Le Frère Toughma a indiqué que cette année, environ 235 enfants déplacés à cause de l’insécurité dans cette ville de l’est du Burkina Faso ont besoin d’une aide urgente depuis la rentrée scolaire du 1er octobre.
Rappelant que les jeunes sont l’avenir, le Frère Toughma a affirmé : « Investir en eux n’est pas vain », et a souligné : « C’est pourquoi nous avons une grande joie à remercier les bienfaiteurs de l’AED, qu’il s’agisse de la scolarisation ou de l’aide alimentaire. C’est très profond. Merci beaucoup d’avoir entendu le cri des Burkinabés affligés, surtout que le geste est accompagné de prière. »
Il a salué l’aide alimentaire de l’AED qui, l’an dernier, a soutenu les ménages pendant quatre mois grâce à une distribution mensuelle de 50 kilos de maïs, 50 kilos de riz, un kilo de sel et cinq litres d’huile.
Cette aide alimentaire, dit-il, « a sauvé de nombreuses vies ».
Selon l’AED, la situation sécuritaire dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, confronté à des attaques terroristes depuis 2015, a connu une légère amélioration, même si plusieurs régions continuent de souffrir du terrorisme et de la misère.
« À l’approche de la rentrée scolaire, les jeunes demeurent au cœur de ces défis », affirme l’AED.
Le membre des F.M.R. a précisé que dans les zones du Burkina Faso touchées par les attaques terroristes, les chrétiens sont généralement menacés autant que le reste de la population. « L’ennemi est celui de toute la nation, même si chacun reste méfiant quant à savoir qui est qui », a-t-il expliqué.
Il a ajouté que certaines régions du pays restent dangereuses, notamment celle de Fada-N’Gourma, située aux frontières avec le Togo et le Bénin.
En raison de l’insécurité, aucun villageois des zones affectées n’a pu regagner son domicile, les routes et les champs étant minés.
Il n’est pas non plus possible de se rendre de Fada au Niger, précise le Frère Toughma, qui explique : « Nous-mêmes, qui travaillions dans cette zone, avons dû la quitter, mais nous y allons de temps à autre pour célébrer l’Eucharistie et apporter un peu d’aide, car il y a un petit reste – de chrétiens et de non-chrétiens – qui y vit encore. »
Il a toutefois précisé qu’il n’y avait pas de prêtres dans les lieux encore instables.
« Nous ne pouvons nous rendre à Pama ou à Kompienga que par voie aérienne ou sous escorte militaire, car des terroristes sont présents dans la zone », explique le Frère Toughma.
Il a ajouté que la densité de la forêt qui entoure Pama complique encore la situation et permet aux terroristes de contrôler facilement la zone et de préparer leurs opérations, même si l’armée tente d’intervenir.
« L’armée, dit-il, a tenté de sécuriser une zone pour que la population qui est restée puisse cultiver quelques parcelles de terre à Kompienga. Cela a beaucoup aidé cette année, car depuis 2022, cela était impossible. »
Le membre des F.M.R. a indiqué que le noviciat des Frères est toujours relocalisé au Togo, et a précisé : « Ce n’est pas que nous n’avons pas de vocations. Nous en avons, mais certains n’ont pas le courage de traverser la frontière et d’autres préfèrent rester dans les zones sûres. »
Le Frère Toughma a également confirmé une légère amélioration de la situation sécuritaire du pays, en déclarant : « Il y a certes une accalmie, mais la force des terroristes réside dans leur imprévisibilité. »
« L’armée fait des efforts, mais le mal reste très profond et les nouveaux moyens dont disposent les terroristes compliquent les choses », a-t-il ajouté, expliquant qu’auparavant les attaques se faisaient avec des bombes, mais que désormais les terroristes posent des engins explosifs commandés à distance par infrarouge.
Les terroristes utilisent aussi des drones et des leurres pour distraire les soldats et leur faire gaspiller leurs munitions, a-t-il précisé, tout en soulignant que, dans l’ensemble, la population a pu se réinstaller.
Lors de sa récente visite au siège international de l’œuvre caritative catholique à Königstein, en Allemagne, le Frère Toughma a également présenté à l’AED le besoin urgent d’accompagnement spirituel et psychologique pour la population, notant que celle-ci a subi de nombreux traumatismes liés aux scènes de terreur vécues.
Pour répondre à l’impact de ces traumatismes et aider la population à aller de l’avant, le Frère Toughma a expliqué que « les Frères Missionnaires des Campagnes aimeraient fonder un centre à 50 kilomètres à l’est de Ouagadougou pour répondre à cette souffrance ».
Les Meilleures Nouvelles Catholiques - directement dans votre boîte de réception
Inscrivez-vous à notre lettre d'information gratuite ACI Afrique.
Notre mission est la vérité. Rejoignez-nous !
Votre don mensuel aidera notre équipe à continuer à rapporter la vérité, avec équité, intégrité et fidélité à Jésus-Christ et à son Église.
Faire un don